Bombe humaine
Désintégration : nom féminin signifiant destruction complète, dissolution venue de l’intérieur … et effectivement, ce livre fait l’effet d’une bombe tant il explose de haine et de colère. Roman ou autobiographie ? Un peu des deux sans doute pour raconter le parcours désenchanté d’une jeune étudiante.
La narratrice, fille d’une famille modeste a grandi en banlieue et elle enchaine aujourd’hui les petits boulots alimentaires pour financer ses études dans « la grande ville ». D’elle on ne connaitra jamais le nom. Elle vit en colocation et peine à s’intégrer parmi ses camarades issus de milieux plus favorisés. Mépris de classe et humiliations sociales sont le terreau fertile à des sentiments de rancoeur et de honte, deux sentiments qui vont grandir en elle jusqu’à la perte de soi, le cheminement entre ce que la jeune fille rêvait de devenir et ce qu’elle se voit devenir.
De l’appétit de vivre au désenchantement
Bon, autant vous le dire de suite, Désintégration n’est pas un livre gai mais une histoire puissante et virulente sur la jeunesse précarisée, une actualité réelle qui fait froid dans le dos. C’est Un livre désenchanteur qui secoue, un livre d’une rare intensité dramatique, avec une tension permanente servi par un style particulièrement acéré, comme si chaque mot était choisi avec une précision chirurgicale, une écriture au scalpel.
Désintégration c’est une histoire de pauvreté et d’épuisement, une histoire dans laquelle « Nous n’étions pas vivants. Nous n’étions pas morts. On était juste crevés, vidés, lessivés, épuisés, physiquement et psychologiquement … » et cette phrase, ce style minimaliste, ces mots rageurs qui visent justes, ce ton âpre sont le reflet de ce livre terriblement corrosif !
Un roman-récit coup de poing à lire absolument !
Désintégration
Emmanuelle Richard
Edition de l’Olivier
208 pages
10
6 Comments
matchingpoints
11 janvier 2020 at 13 h 36 minUn livre dans l’air du temps. Il correspond par son sujet à pas mal de films qui montre la dure réalité des banlieues.
Bon weekend
Laurence
20 janvier 2020 at 15 h 24 minC’est bien ça le pire : il est tellement dans l’air du temps … ça me fait froid dans le dos 😉 !
sophie bazar
17 janvier 2020 at 10 h 21 minEffectivement, cela a tout l’air d’un livre coup de poing ! je retiens… et choisirai le bon moment pour le lire, je pense. Bonne journée à toi !
Laurence
20 janvier 2020 at 15 h 28 minOui Sophie, tu as raison, c’est de ces livres qui ne tombent pas toujours bien. Juste avant j’avais lu le tome 1 de « La passe-miroir », choc culturel assuré et assumé !! Il faut que j’en reparle d’ailleurs. Bonne semaine 🙂 !
laurence Caillau-Larrieu
23 janvier 2020 at 10 h 13 minLa lecture de « Désintégration » m’a beaucoup marquée.
Le désenchantement est décrit avec la violence d’une grande littéraire.
On en sort abasourdie et je suis ravie que tu partages mon engouement.
C’est un livre à garder en mémoire.
Bises
Laurence
Laurence
27 janvier 2020 at 11 h 30 minMerci pour ce partage Laurence et ce livre ne sera pas difficile à garder en mémoire ! Bises