Le point de départ du dernier livre d’Eric Reinhardt est la maladie de sa compagne. Dix ans plus tôt, Margot se bat contre un cancer du sein et lui, en parallèle, pour écrire son roman « Cendrillon ». Il est donc entendu entre eux que les efforts qu’elle livrerait contre la maladie n’auraient d’égal que ceux de son mari pour terminer son manuscrit. Lors d’un déplacement pour une rencontre littéraire, il rencontre Marie qui est voie de guérison d’un cancer elle aussi …. Voilà pour le début du livre, en quelques mots je vous ai résumé quelques 70 pages. 70 pages un peu pénibles car trop de sophistication tue l’émotion.
Puis, enfin, à la page 73 ça démarre. Le récit dans le récit, un habile jeu de miroirs. Eric & Margot deviennent Nicolas & Mathilde, Nicolas rencontre lui aussi une Marie … et voilà comment je me suis retrouvée prise dans une descente en abyme vertigineuse. J’ai parfois perdu pied, je revenais en arrière de quelques lignes pour savoir si c’était Eric ou Nicolas qui parlait mais ce trouble là était délicieux. Dès lors qu’Eric (l’auteur, le vrai) s’éloigne de lui (même si l’autodérision dont il fait preuve m’a beaucoup amusée) et abandonne enfin ses manières littéraires bien trop précieuses à mon goût la magie de l’écriture opère et j’ai dévoré la seconde moitié du livre.
Alors voilà une critique que j’ai beaucoup de mal à rédiger. D’un côté j’ai aimé le côté romanesque du roman, mais beaucoup moins le côté pédant de certains passages. C’est un auteur qui aime s’inspirer de la vie et de ses rencontres pour ses livres ; il le fait en mêlant les récits (c’était déjà le cas dans l’amour et les forêts) et une fois encore je trouve la construction virtuose. Delphine de Vigan a déjà expérimenté cela dans son « D’après une histoire vraie » … est-ce un effet de mode ?
Peu importe, j’ai apprécié l’ambition d’Eric Reinhardt d’écrire sur la maladie, la sexualité et de mêler cela à la littérature ou la musique; de mélanger l’œuvre et les conditions de sa création, le tout avec une plume remarquable … Eric Reinhardt, vous m’avez tour à tour agacée puis bluffée !
Je remercie Babelio et les éditions Gallimard de m’avoir permis de lire de ce livre en avant première.
14 Comments
chiffonsandco
21 août 2017 at 17 h 39 minBon, ben là, je passe ^^
Laurence
22 août 2017 at 17 h 25 minAh bon ? je suis surprise !!
J’ai une amie qui m’a demandé si je ne comptais pas lire « plus gai » … je crois qu’effectivement il est temps que je passe des sujets plus légers !
voyelle
22 août 2017 at 13 h 53 minaprès ta visite sur mon blog, je passe chez toi et je découvre que tu est une fan de lecture 🙂 Cool, je risque d epasser assez souvent ici du coup…j’ai beaucoup aimé « l’amour et les forêts « …profond…comme j’aime.
Laurence
22 août 2017 at 17 h 26 minMerci Voyelle ! J’ai adoré me balader chez toi, et j’y reviendrai sans aucun doute !
sophie bazar
23 août 2017 at 13 h 57 minHmmm de façon générale j’ai pu voir que le livre n’avait pas de bons retours, voire même de bien mauvais… mais après t’avoir lue peut-être que je tenterai le coup !
Laurence
18 septembre 2017 at 9 h 23 minOui, le mieux est de te faire une idée toi même mais là, ce n’est quand même pas LE livre que je te conseillerais …
Koalisa
25 août 2017 at 13 h 40 minCa donne envie de le lire !
Laurence
18 septembre 2017 at 9 h 24 minOui … ou pas …
laurence
26 août 2017 at 11 h 45 minLaurence, c’est souvent comme ça les livres d’Eric Reinhardt non ?
Passionnants mais agaçants, maniérés et puis d’un coup formidables.
C’est bien pour cela qu’on aime cet auteur sensible.
Ta critique donne envie de lire son livre.
Laurence
18 septembre 2017 at 9 h 42 minMerci Laurence pour ton commentaire ! Tu as bien raison pour les livres de Reinhardt. Comme j’ai eu la chance de le rencontrer à la librairie Tonnet et de l’avoir comme client, certains passages dans lesquels il fait son autocritique m’ont beaucoup amusé mais cela pourra en agacer plus d’un ! Bref, son livre précédent était à mon avis beaucoup plus réussi. Il vient à Pau en octobre, j’ai hâte de l’entendre parler de celui là … Je te le prêterai si tu veux 😉
Le journal de Chrys
26 août 2017 at 16 h 17 min70 pages tout de même. Je stoppe des lectures pour bien moins. D’autant plus que L’amour et les forêts n’avait pas eu grand succès chez moi…
Laurence
18 septembre 2017 at 9 h 43 minJe peux comprendre, c’est un auteur difficile mais tous ceux qui vont l’aborder via « La chambre des époux » n’y reviendront sans doute jamais !!
yuko
1 septembre 2017 at 10 h 07 minJ’avais été conquise par L’amour et les forêts même s’il m’a laissé une impression durable d’étouffement. Je crois que l’auteur a vraiment un « truc » pour rendre des atmosphères. Je ne savais pas qu’il avait écrit un nouveau roman, je le note, merci ! bises à toi !
Laurence
18 septembre 2017 at 9 h 53 minOui, bon, ce n’est pas celui que je te conseillerai … par contre, cela m’a donné envie de lire « Cendrillon », le livre qui lui a ouvert la porte du succès. A ce sujet, si le succès se mesure aux réactions que provoque la lecture d’un livre, que ce soit bonheur, agacement, étouffement ou pleurs, nul doute qu’Eric Reinhart ne laisse pas indifférent !! Bises